vendredi 21 octobre 2022

ATÉLECTASIE PULMONAIRE LOBAIRE ET SEGMENTAIRE

 

ATÉLECTASIE PULMONAIRE LOBAIRE ET SEGMENTAIRE

Cours de Radiologie

                         

                                      

PLAN DU COURS

I- DEFINITION

II- MECANISMES

  • Obstruction 

  • Compression

  • Rétraction


III- SEMIOLOGIE RADIOLOGIQUE

  • Signes directs d’atélectasie

  • Signes indirects d’atélectasie

  • Degrés de l’atélectasie lobaire


IV-ASPECT RADIOLOGIQUE DES ATELECTASIES

IV- DIAGNOSTICS DIFFERENTIELS

V- INTERET DE LA TDM

VI-CONCLUSION




I-DÉFINITION
L’atélectasie  ou collapsus pulmonaire est une diminution  de  volume  d’un segment, d’un lobe ou de  tout un poumon. C’est un trouble de la ventilation due à un affaissement alvéolaire survenant au cours de certaines pathologies. 

II- MECANISMES

Trois mécanismes sont à l’origine d’une  atélectasie :


  • Mécanisme par obstruction 

  • Mécanisme par compression 

  • Mécanisme par rétraction 


1- Mécanisme par obstruction

C'est le mécanisme le plus fréquent, du à une obstruction de la lumière  bronchique. L’air ne pénètre plus dans les alvéoles en aval  de l’obstacle (lors de l’inspiration). L’air alvéolaire déjà présent se résorbe, ce qui est à l'origine d'une diminution du volume d'un poumon, d'un lobe ou d'un segment aboutissant à un collapsus. 

Il y a deux causes à l’obstruction bronchique : 

  • Les causes centrales 

  • Les causes périphériques 


1-1 Causes centrales

Il s'agit d'une lésion unique obstruant une bronche souche, une bronche lobaire ou segmentaire.  Elle peut avoir deux origines :


   a- Origine intrinsèque 

  • Cancer bronchique :  cause la plus fréquente

  • Corps  étranger : fréquent chez l'enfant

  • Sténoses, granulomes  inflammatoires : fréquents au cours de la tuberculose

   

   b- Origine  extrinsèque 

  • Adénopathies

  • Tumeur médiastinale

  • Anévrisme artériel

  • Gros cœur




1-2 Cause périphérique

L'obstruction dans ce cas est due à un exsudat inflammatoire ou à du mucus intra-bronchique. Ces atélectasies sont observées habituellement dans les pneumonies, après une intervention chirurgicale. Elles se nettoient souvent spontanément  lors de l’expectoration ou de la résorption des bouchons. 


*Il faut savoir que l’obstruction bronchique  n’est pas systématiquement associée  à un collapsus. En effet, si une grande quantité de sécrétions inflammatoires ou d’œdème s’accumule en aval de l’obstruction, elle empêchera le collapsus ce qui sera à l'origine d' une obstruction sans atélectasie, anciennement appelée « poumon noyé ». Le lobe ou le segment  obstrués peuvent être alors  augmentés de volume. 

2- mécanisme par compression

Le collapsus par compression est objectivé au cours d'un pneumothorax ou d'un épanchement pleural qui  chassent l’air du poumon à l'origine d'un collapsus passif. Le diagnostic étiologique est facile car la cause est évidente.


3-  Mécanisme par rétraction

Le collapsus par rétraction est objectivé au cours de : 

  • Séquelles  de tuberculose

  • Fibrose pulmonaire d’étiologie diverse : silicose, cicatrisation


La rétraction réduit le volume pulmonaire. Le diagnostic est évoqué devant la présence de travées irrégulières évidentes au sein du foyer atélectasié. 

III- SÉMIOLOGIE RADIOLOGIQUE

Le collapsus  se manifeste sur une radiographie du thorax par des signes directs et indirects.


  • Signes directs d’atélectasie

    • Opacité pulmonaire  avec déplacement des scissures

    • Tassement broncho-vasculaire


  • Signes indirects d’atélectasie

  • Déplacement du hile

  • Ascension du diaphragme

  • Déplacement trachéal

  • Déplacement du médiastin

  • Rétraction de la cage thoracique

  • Emphysème compensateur

 

La présence des signes indirects est suffisante pour considérer qu’il y a une atélectasie. Ces signes varient en fonction de la localisation et de l’intensité du collapsus.




1- Signes directs d’atélectasie

  • Opacité pulmonaire située en aval de l’obstruction. Quand un segment ou un lobe se collabe, il devient plus opaque car l’air contenu dans les alvéoles se résorbe

  • Déplacement des scissures inter-lobaires du à la réduction de volume  du segment ou du lobe atélectasié. Les scissures qui le limitent se déplacent  dans le sens du collapsus et deviennent concaves

  • Tassement broncho-vasculaire : si un lobe ou un segment est réduit de volume et contient encore de l’air, les travées vasculaires  qui restent visibles apparaissent tassées dans un plus petit espace. Si les bronches sont visibles (bronchogramme aérique), elles vont  apparaitre également tassées. 


2- Signes indirects d’atélectasie

  • Déplacement du hile vers le collapsus. Signe le plus valable qui indique par lui-même l’existence d’un collapsus. Rare dans le collapsus du lobe moyen ou de la lingula.

Rappel : le Hile gauche est normalement surélevé par rapport au  hile droit  dans plus de 97% des cas. Les deux hiles  sont au même niveau dans 3% des cas. Un hile gauche plus bas situé que le  hile  droit doit  faire évoquer un collapsus du  LIG

  • Ascension du diaphragme : au cours des atélectasie des lobes inférieurs

  • Déplacement trachéal  au cours des collapsus des lobes supérieurs.  Peu  fréquent  dans les collapsus du lobe moyen, de la lingula ou des lobes inférieurs qui sont éloignés  de la trachée

  • Déplacement du médiastin  vers le  collapsus d’un ou plusieurs lobes

  • Rétraction de la cage thoracique  avec  pincement des espaces intercostaux  et rapprochement des côtes du coté du collapsus

  • Emphysème compensateur du parenchyme sain qui est augmenté de volume (en expansion) et de transparence accentuée liés à l’hyperaération pulmonaire et à l’espacement  de la trame vasculaire.


3- Degrés de l’atélectasie lobaire

Le degrés du collapsus pulmonaire  est variable selon l’intensité de l’œdème et du processus inflammatoire en distalité. Plus l’œdème et l’infection sont importants moins les signes d’atélectasie seront importants. 


IV- ASPECT RADIOLOGIQUE DES ATÉLECTASIES

1- Atélectasie du lobe supérieure droit (LSD)

    Incidence de face :

  • Opacité du sommet pulmonaire droit. La petite scissure est  attirée vers le haut et constitue la limite inférieure nette et concave vers le bas du collapsus 

  • Hile droit ascensionné




   

    Incidence de profil :

  • Opacité triangulaire du sommet pulmonaire à limite antérieure concave vers le bas correspondant à la petite scissure ascensionnée et à limite postérieure concave vers l’arrière correspondant à la moitié supérieure de la grande scissure déplacée en avant


   

2-Atélectasie du lobe supérieur gauche  (LSG)

 Le lobe supérieur gauche est composé du culmen et de la lingula

 Incidence de face :

  • Opacité du sommet pulmonaire à limites floues

  • Attraction trachéale

  • Hile  gauche ascensionné

  • Elévation modérée de la coupole diaphragmatique

   

 Incidence de profil :

  • opacité antérieure, rétrosternale,  à limite postérieure nette  correspondant à la  grande  scissure déplacée en avant





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*Si le collapsus est important, l’opacité prend de face, un aspect en bande médiale, se confondant avec le médiastin supérieur et antérieur.  De profil l’opacité, de siège retro-sternal est bien limitée par  la  grande scissure qui est attirée en avant.



3- Atélectasie du lobe moyen (LM)

   Incidence de face :

  • Opacité de faible tonalité, à limites floues, effaçant le bord droit du cœur  qui est dans le même plan (signe de la silhouette) 

  • La petite scissure, déplacée en bas et  en dedans, n’est plus visible car elle n'est plus  tangentielle au rayonnement X (verticalisée)

  • Les signes indirects sont peu marqués ou absents du fait du faible volume du LM  : pas de déplacement marqué  du hile, de la trachée, du médiastin ou  du diaphragme.

 




 

 Incidence de profil :

  • Opacité antérieure triangulaire ou en bande selon le degrés d'atélectasie,  bien limitée en haut par la petite scissure qui est abaissée et en arrière par la moitié inférieure de la grande scissure qui est ascensionnée. Ce rapprochement  des deux scissures confirme l’atélectasie du LM.


*En cas d’atélectasie majeure du LM, le diagnostic d’atélectasie devient difficile. L’effacement du bord droit du cœur constitue alors le seul signe d’atélectasie sur le cliché de face (flèche rouge).



4- Atélectasie de la lingula

    Incidence de face :

  • Faible opacité, à limites floues, localisée au niveau du 1/3 moyen  du poumon gauche qui efface le bord gauche du cœur (SS

  • les signes indirects sont peu marqués 

  • Si l'obstruction est complète, l’effacement du bord gauche du cœur devient le  seul signe d’atélectasie  de face. 

    

    Incidence de profil  :

  • Opacité antérieure limitée en arrière par la moitié inférieure de la grande  scissure qui est ascensionnée (attirée vers le collapsus). 





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5- Atélectasie des  lobes inférieurs (LI)

    Incidence de face :

  • Opacité triangulaire médiale  à sommet hilaire et  base diaphragmatique.

  • A droite,  elle  est de siège para-cardiaque et n’efface pas le bord droit du cœur étant donné qu'elle est postérieure. La petite scissure n'est pas visible  car elle est abaissée et déplacée en arrière

  • A gauche, l'opacité est de siège rétro-cardiaque


  • La limite externe de l'opacité correspond à la grande scissure qui est déplacée en dedans. Elle peut être floue ou nette, selon le degrés de l’atélectasie.

  • Coupole diaphragmatique surélevée

  • Hile abaissé  ou aspect de petit hile 


    Incidence de profil :

  • Opacité  localisée en bas et  en arrière au niveau de la gouttière costo-diaphragmatique  

  • La grande scissure  est déplacées en bas et en arrière 




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*Si le collapsus est important, le cliché de face peut montrer une opacité triangulaire, dense, contigüe à la colonne vertébrale dont la limite externe est constituée de la  grande scissure déplacée en dedans.


6- Autres types d’atélectasie

  a- Atélectasie segmentaire

  • Les signes directs sont discrets 

  • Les signes indirects sont généralement  absents


  b-  Atélectasie sous segmentaire

  • Leur diagnostic est quasi impossible sur les clichés standards car la réduction du volume est trop faible


  c- Atélectasie pulmonaire totale  ou complète 

  • Opacité hémithoracique totale

  • Tous les signes indirects sont présents :

    • Rétraction hémithoracique avec réduction des espaces intercostaux

    • Attraction du médiastin, du cœur ou de la trachée vers le collapsus

    • Surélévation de la coupole diaphragmatique masquée par l'opacité de l'atélectasie (signe de la silhouette)

    • Signe indirect supplémentaire : protrusion compensatrice du poumon controlatéral, possible également dans l'atélectasie lobaire totale.


IV- DIAGNOSTICS DIFFERENTIELS

Il se pose essentiellement avec une pneumonie ou un épanchement pleural :


  • Pneumonie  

Il s'agit d'un comblement alvéolaire de volume  normal à l'origine d'une opacité le plus souvent lobaire et systématisée. Il n'y a pas d'aspect concave des scissures. Il n'y a pas de déplacement  des hiles, du médiastin ou des coupoles diaphragmatiques vers le collapsus. Les espaces intercostaux sont respectés.

  • Epanchement pleural  liquidien abondant  ou total

Il est à  l'origine d'une expansion  hémithoracique  avec refoulement  controlatéral  du  coeur et de la  trachée. L'abaissement de la coupole diaphragmatique  est masqué par l'opacité de l'épanchement (SS). Les espaces intercostaux sont augmentés.

V- INTERET  DE LA TOMODENSITOMETRIE (TDM)

  • La TDM est l'outil indispensable dans l'exploration de la pathologie thoracique.  C’est une imagerie en coupes qui permet des reconstructions multi-planaires. Elle permet un bilan anatomique et étiologique précis des collapsus. 

  • Il met en évidence  les formes segmentaires et sous segmentaires d'atélectasie. 

  • Les signes directs sont évidents. Le déplacement des scissures est parfaitement analysé sur les coupes transversales et sagittales. Les signes indirects sont repérables, mais leur importance diagnostique est moindre que sur la radiographie conventionnelle. 


VI- CONCLUSION

Le diagnostic de l’atélectasie n’est pas toujours facile sur la radiographie thoracique. Un collapsus doit être évoqué sur un cliché de face, éventuellement aidé par un cliché de profil. La connaissance des signes directs est nécessaire au diagnostic  positif. Les signes indirects sont importants notamment en cas de collapsus majeur ou pour le diagnostic différentiel avec d’autres pathologies comme les pneumonies ou les pleurésies. La TDM doit être réalisée systématiquement devant toute opacité thoracique évoquant une atélectasie.